Le 50ième anniversaire de la mort de Louis-Ferdinant Céline

Publié le par Ivan de Duve



Ah ! Mes amis ! Quel colloque ! Non, Edda, Céline n’est pas la marque de couture ! Non, ses fans, il ne s’agissait pas de Céline Dion ! Oui, mes amis c’est bien du Docteur Destouches alias Louis-Ferdinand Céline qu’il s’agit. Et d’une coïncidence troublante comme le disait joliment Louis Pauwels.

À la Chapelle de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts à Paris, Frédéric Mitterrand,
ministre français de la Cul-ture, avait prévu d’offrir le 21 janvier un des dix mille exemplaires du recueil des « Célébrations nationales »  publié l’automne dernier (aux frais du contribuable français ?). Il ne l’a pas fait. Pourquoi ?

Chaque année, des fonctionnaires du Ministère de la Culture, placés sous l’autorité du
Directeur des Archives de France, soumettent au Haut Comité des Célébrations nationales (douze membres) la liste des personnalités dont l’anniversaire mérite d’être célébré. Or un certain Serge Klarsfeld se permet le 19 janvier de s’indigner du fait que les Archives de France aient, après mûres réflexions et débat contradictoire, décidé de célébrer le cinquantenaire de la mort de l’écrivain Céline (1894-1961). Céline a reçu peu après sa mort la consécration qu’il mérite : être publié dans la prestigieuse Bibliothèque de la Pléiade (Gallimard). À ce jour, 195 auteurs publiés et quatre volumes de L.-F. Céline. Le 19 janvier 2011, Serge Klarsfeld exige, (vous avez bien lu : exige) le retrait immédiat de ce recueil. Quel culot !

Et Bertrand Delanoë l’approuve ! De quoi je me mêle ! Personne de parle bien entendu de rembourser le contribuable pour cet énorme gâchis (dix mille exemplaires mis au pilon, ce n’est pas rien !). De plus, il traite Céline de parfait salaud. Céline, qui a été blessé durant la guerre 14-18 à
Poelkapelle (Belgique) et qui a été décoré de la Croix de guerre avec étoile d’argent, ce qui lui a conféré la Médaille militaire le 24 novembre 1914. Cette expérience d’un homme handicapé à 70% l’a rendu pessimiste et profondément pacifiste. D’où ses écrits pour essayer (en vain) d’éloigner une seconde guerre mondiale, une seconde boucherie.

Et Frédéric Mitterrand de s’exécuter le 21 janvier 2011 en parfait larbin obéissant à la voix de son maître Sarközi !

             La bande des quatre : Serge Klarsfeld, Bernard Delanoë, Frédéric Mitterrand et Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa, dit Nicolas Sarkozy sont, pour moi et pour reprendre l’expression d’Henri Godard, de purs salauds ou pour reprendre elle de Bertrand Delanoë, de parfaits salauds. Ils ont tous quatre fusillé un mort qui ne peut évidemment se défendre. C’est le propre de lâches et de salauds.

Et puis, dans de petites phrases, ils commettent de graves erreurs.

Première erreur (Henri Godard) : Un salaud ne peut être pur. Deuxième erreur (Bernard Delanoë) : un salaud ne peut être parfait. Les cathares ont dû se retourner dans leurs tombes. L’avocat général près la Cour d’appel de Paris écrit : l’idée qu’il y ait une perfection dans la « Saloperie » est absurde.
Troisième erreur (Bertrand Delanoë), commise à l’envi, est de diviser l’œuvre géniale de Céline entre bons livres (romans, correspondance publiés dans la prestigieuse Bibliothèque de la Pléiade) et mauvais livres (satires injustement nommés pamphlets).

    Non ! Céline est un auteur excellent. Point final. Quant à moi, parmi tous les livres, tous les excellents livres, de Céline j’affiche une préférence, dans l’ordre et en ma seule qualité de lettré, à Mort à crédit, Bagatelles pour un massacre, Voyage au bout de la nuit, Semmelweis et Entretiens avec le professeur Y. C’est mon choix. C’est mon droit. Et comme l’écrit Philippe Bilger ce ne serait pas à d’autres qu’à moi d’en décider et d’en tirer les conséquences. Aussi je tiens à ajouter que je tiens Bagatelles pour un massacre pour une très grande œuvre littéraire.

J’ai reçu par la poste le 3 février 2011 le 327ième numéro, daté de février 2011, du périodique mensuel Le Bulletin Célinien qui est pratiquement entièrement consacré aux événements des 19 au 21 janvier ci-dessus mentionnés. J’y ai noté quelques réactions :

… mais je ne suis pas sûr qu’un tel écrivain (Céline Ndr) ne doive pas faire l’objet de commémoration. Je suis surtout très inquiet des conséquences de cette décision, car cela va accréditer l’idée que le « lobby juif » fait la pluie et le beau temps en France.                                                                                                                    Alain Finkielkraut
 

Comme on pouvait s’en douter, le « ministre » de la culture s’est couché de tout son long devant les injonctions crifiennes et klarsfeldiennes réunies. (…) Pour le moment, ils sont encore juchés sur le Capitole. Mais à ce train là, la roche tarpéienne se rapproche de plus en plus.                                                                                                                                              Anne Kling

… et je crains que l’initiative de Serge Klarsfeld ait un effet contraire à celui qu’il recherche.

                                                                                               François Gibault ,  Président de la Sec

C’est anormal et même scandaleux, qu’un lobby communautaire (…) dicte le comportement de l’État français via le Ministre de la Culture.                                                                                            

                                                                                                                                          Éric Naulleau

Éditeur et chronique

Jean Dutourd est mort à Paris le 17 janvier 2011. Je tiens à rendre hommage ici au président
du Club des Ronchons.

Pour revenir à Céline, sous le patronnage de la Société d’Études céliniennes, dont François Gibault est président, en collaboration avec la BPI (Bibliothèque Publique d’Information), s’est tenu, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort de l’écrivain et au Centre Pompidou de Paris
un colloque nommé Céline, reprouvé et classique, le vendredi 4 et le samedi 5 février 2011.

Je commence par regretter que la plupart des intervenants m’ont profondément déçu. Qu’il
s’agisse de Patrick Bazin, d’André Derval, d’Isabelle Blondiaux, de Gaël Richard, de Viviane Forrrester, de Christine Sautermeister (université de Hambourg) de Yoriko Sugiura (université de Kobé), d’Olga Chtcherbakova (École nationale Supérieure de Paris), de Greg Hainge (Université de Queensland, d’André Derval, de Jean-Pierre Martin, de Daniel Lindenberg, de Delfeil de Ton,
de Marie Hartmann, de Sonia Anton (université du Havre) ou de Johanne Bénard, ils ne m’ont inspiré que de l’ennui et la plupart un esprit de révolte en s’érigeant en mauvais profs faisant la part d’un grand écrivain et d’un petit penseur. Or j’admire Céline non seulement pour son œuvre mais également pour sa pensée, claire, percutante, toujours prévoyante. Un extraordinaire médium.

M’a enchanté le spectacle faire danser les alligators sur la flûte de pan composé, à partir des correspondances de Céline, par Émile Brami avec un jeu remarquable de Denis Lavant. Et sa fin où la voix de Céline termine le spectacle par ces mots … et personne ne m’empêchera de parler.

Merci également à François Gibault et à Philippe Bordas qui ont animé ces deux journées céliniennes et puis au merveilleux Fabrice Luchini qui les a clôturés avec le brio que nous lui
connaissons, inégalable pour dire des textes de l’immense Céline.

J’ai été très heureux de rencontrer à ce colloque mes amis Marc Laudelout, Michel Mouls,
auteur du remarquable site ouèbe www.celineenphrases.fr, d’y faire la connaissance du Robert
Faurisson
dont les questions publiques étaient toutes pertinentes et d’avoir eu cette occasion pour m’en faire un ami.


                                                                                                                             Ivan de Duve, le 8 février 2011



 



Publié dans Journal intime

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R
<br /> <br /> Bonsoir,<br /> <br /> <br /> J'en ai reçu un exemplaire par voie postale juste avant cette sinistre farce...<br /> <br /> <br /> Dois-je le rendre pour ne pas être suspecté par l'organe central de la pensée unique ???<br /> <br /> <br /> <br />
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