Georges Hupin et Jean Mabire
Maudite Irlande & Patrick Pearse, une vie pour l’Irlande
Je reconnais avoir toujours eu pour la patrie charnelle irlandaise un sentiment d’appartenance même si je ne connais pas la langue gaélique. Mais le fond celte, le culte des arbres, les druides qui prenaient rang hiérarchiques avant les rois et les princes, bardes, la fidélité aux racines, l’honneur des pauvres Irlandais s’opposant au déshonneur des riches Anglais ne faisant rien pour améliorer leur sort, au contraire faisant tout pour augmenter leur misère et leur sujétion, tout cela évoque en moi un grand sentiment d’amitié pour ces frères au col dégrafé.
Georges Hupin revient de loin. Il voit d’abord les terroristes de l’IRA. Ensuite il s’informe. Puis il s’interroge. Comment se fait-il que ses maîtres se gorgent de prospérité et que ses fermiers meurent de faim ? Que son peuple soit si misérable et son église si opulente ? David O’Connel (1774-1847). Ensuite, il nous brosse en quelques pages une fresque historique partant des Romains, des Saxons, des Vikings, pour se poursuivre, dès 1172, avec les Anglo-Saxons. Sans oublier l’introduction du catholicisme. Suivent les années d’intrusion, de haine, de révolte, de faim, de confiscations, de menaces, de revers, de trahison.
C’est sur une note optimiste et inattendue que Georges Hupin termine son opuscule : des actes de beauté sont produits par certains Anglais et un petit ténor irlandais reprend le cri de la harpe celtique en poussant un cri de renaissance. Et il le termine par ces mots : ce que je sais être proprement irlandais, c’est le frémissement de vie, l’éclat joyeux, même dans la gravité. Car c’est dans l’espérance de la fraternité en esthétique des Anglais avec les Irlandais, grâce à la pure beauté de l’esprit de vie, grâce à cette spiritualité frémissante et nullement métaphysique qu’ils pourront y enfin vivre en bon voisinage, et même ensemble. Et Georges Hupin de conclure : Et c’est sur ce modèle exemplaire que nous serons nous-mêmes heureux de vivre et de mourir.
Jean Mabire, lui, est pour une fois plus terre à terre. Est-ce dû à Terre et Peuple ?
Il commence son sur le lundi de Pâques 1916 à Dublin et l’axe sur le personnage Patrick Pearse dont, au long des pages, nous partageons la vision d’une Irlande ne rêvant qu’à son indépendance.
L’Irlande devenait d’autant plus grande à ses yeux qu’elle avait le visage même du martyre. Elle était la mère aux famines et aux révoltes, la madone des pendus, la déesse des hors-la-loi.
Patrick Pearse, son frère William, comme Michaêl Collins, héros, comme de rappelle Pierre Vial dans sa préface, d’un film récent, Arthur Griffith, Eoin Mac Neil, James Conolly, Joseph Plunkett e tant d’autres étaient, les uns comme les autres, d’authentiques révolutionnaires qu’unissaient à jamais l’amour de leur peuple et l’amour de leur patrie. Mais c’est Patrick Pearse qui a compris que le combat culturel prépare le combat politique
Personnage complexe que ce Patrick Pearse : tour à tour poète, éducateur, politicien, meneur, officier, organisateur général des National Volunteers, conférencier, tribun, journaliste, il apparut de plus en plus comme le point de convergence de toutes les factions qui se réclamaient de l’idée irlandaise…Les fous qui se savent fous sont des sages disait-il.
Le mercredi de Pâques 1916 le poète Patrick Pearse était fusillé par les Anglais comme un certain Robert Brasillach le sera par les Français le 6 février 1945…
La véritable patrie c’était pourtant celle qu’annonçait Patrick Pearse :
La vie prend racine dans la mort, et des tombes des patriotes –hommes et femmes- se lèvent les nations vivantes.
Ivan de Duve, 5 décembre 2005 Cet article est paru dans Le Libre Journal de la France courtoise n° 366 du 17 décembre 2005 et dans Nation Infos n° 57 hiver 2006
Georges Hupin
| Maudite Irlande
| Éditions Nation, Bruxelles
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Jean Mabire
| Patrick Pearse, une vie pour l’Irlande
| Éditions Terre et Peuple, Villeurbanne
| ISBN 2-913392-00-8
146 p.
Cet article est paru dans le n° 57, hiver 2006, de NATION info et dans le N° 366 de Le Libre Journal de la France courtoise du 17 décembre 2005
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